11 mars 2006

Malmousque


Qui mon père a-t-il jamais voulu être ? Teilhard de Chardin ou Jules Marie ?
De fait, il s'est avéré être un très grand Doyen, et un pêcheur en progression constante... J'ai bien mis un accent circonflexe sur le e.
Ma mère ne l'aimait ni en jésuite ni en capitaine de doris. De toutes manières, elle préférait Fred Astaire, et comme mon père "ne dansait bien qu'avec les autres", c'était irrattrapable...
Trop snob, je n'ai été pêcheur que par la volonté paternelle, et ceux qui l'ont connu dans les années soixante (je précise: avant 68) savent que mon engouement pour la marine à voile ne pouvait s'avouer que dans la clandestinité.
Autant s'en débarrasser tout de suite, je n'ai jamais été sensible à la rustique beauté du doris, et j'ai toujours douté de ses qualités marines (qu'est-ce que je dis là ?). Le fond est trop étroit, les bords trop ouverts, gare à ne jamais se mettre en travers de la vague, il ne chavire pas mais il vous largue ! Le nombre de pauvres marins bretons qui ont péri au large de Terre-Neuve, souvenez-vous...
A Marseille, vous vous sentez bien là où sont les pêcheurs. Sormiou, les Goudes, le vallon des Auffes, Malmousque et l'Estaque. Les calanques sont devenus des ports, sur les cailloux se sont accrochés les cabanons. Et dans les ports il y a des pointus. Toujours snob, je suis tombé sous le charme des pointus. Un pointu, çà inspire confiance. C'est rondouillard, et cintré en même temps, la proue est élégante, et il y a un nez pour se tenir quand le pastis a trop adonné. C'est un bateau pour se mettre à table, la trinquette se déploie idéalement pour vous garder du soleil, une belle nappe jetée sur la capot du moteur, on peut s'asseoir à quatre tout autour. Le moteur, il n'a pas le temps de chauffer, juste pour se déhaler de l'anse de Malmousque et mouiller sous la digue des Catalans. Quand vous y êtes, vous comprenez que la Méditerranée est vraiment une mère, Mare Nostrum, que rien n'oserait mettre un terme à la plénitude exquise du moment où le fumet du petit rouget grillé se mêle au Pibarnon blanc, rien, pas même la marée, juste la sieste.
Voilà pourquoi je reviens vers cette idée du bonheur, que décrit naïvement ce petit guide webbique: "A quelques pas du Marégraphe et de l'anse de la Fausse Monnaie, Malmousque est un petit village de pêcheurs dont les criques sont très appréciées des baigneurs".
Allez donc consulter ce guide, il vous offre une visite "virtuelle" d'un paradis bien réel:http://www.marseillenet.com/marseille-malmousque-1-1.html
Jules Marie, si tu avais vécu ici, tu aurais été un peu plus bavard, tu n'aurais pas emporté avec toi le secret de la pêche au bar à l'arrêt, sans bouger. j'en aurais bien besoin aujourd'hui pour le loup son cousin. Mon père, je vais de ce pas acheter mes lignes, et un petit tremail. Au moins je serai équipé, c'est important. Ne dis surtout pas à maman que je quitte Pierre Puget, ma rue de Montfort marseillaise, elle le prendrait mal... Comment dit-on ? Bo-Bo ? Quelque chose comme çà...

PS: pour ceux qui ne savent pas, cliquez bien aussi sur le titre, c'est magique !

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