29 juin 2014

Pour un Shakespeare vrai | Le randonneur

Pour un Shakespeare vrai | Le randonneur



Voici une question passionnante, celle de l'identité de Shakespeare, ou de ses relations avec sa "personnalité" littéraire...

C'est plus qu'une enquête, c'est une réflexion sur ce que le cerveau d'un génie peut aussi profondément intégrer sans l'expérience du monde qu'il met en scène.

C'est mettre en doute la position ambigüe de Chateaubriand, "l'homme n'a pas besoin de voyager pour s'agrandir, il porte avec lui l'immensité !".


22 juin 2014

Visages à la Vieille Charité

Quelques heures avant la clôture de cette exposition dont les critiques incitaient à ne pas la manquer, je me suis arraché du lit ce dimanche matin. Catherine s'était levée à l'aube, allez savoir pourquoi, une histoire de poste de radio, mais elle s'est acharnée à passer l'aspirateur dans le chantier de l'étage du dessous, qui ressemble à Beyrouth (c'est une vieille expression de ma génération qui n'a plus cours aujourd'hui).
Une apparence de réflexion historico-sociologique définit le plan de l'exposition: visages de la société, visages de l'intimité, visages de l'esprit... Bon, le début est relativement convaincant, car il montre l'individu abasourdi par la montée de l'urbanisation et des dictatures, mais le lien se dissocie par la suite avec Picasso et Bonnard dans la même salle. Peu importe, il y a des découvertes à faire dans ce patchwork. J'en ai faites moi-même beaucoup. En particulier, deux photographes/peintres ou l'inverse, deux femmes l'une néerlandaise et l'autre américaine. Laetitia Molenaar "recrée" Hopper par la photographie ! Elle reconstitue des décors miniatures en carton où elle place ses personnages photographiés avec des expressions froides ou songeuses privilégiant l'espace et la lumière. Les visages signifient par l'attitude du corps. Nan Goldin est une photographe très réaliste, qui montre au grand jour les désastres de la décadence occidentale, mais dans cette exposition ses oeuvres sont des tableaux, en particulier "Anthony by the sea" qui reflète, c'est rare chez elle, la contemplation apaisée de la mer par un homme attablé près d'un bow-window. Contemple-t-il la table nappée de rouge ? Contrairement à "Here comes the sun" de Molenaar, son visage est dans l'ombre, ce qui lui laisse son intimité.

Qu'exprime le corps sans le visage ? Qu'exprime le visage sans le corps ? Et qu'exprime le visage sans le regard ? Un portrait d'artiste par Douglas Gordon qui en a brûlé les yeux les substituant par un miroir rend totalement méconnaissable Simone Signoret. Les yeux sont sans doute le miroir de l'âme. Plonger dans le regard de l'autre ne parvient-il à n'y trouver que soi-même ?