Alors qu’elle aborde le dernier tiers de son mandat à la mairie d’Aix-en-Provence, Maryse Joissains-Masini peut déjà être certaine que la conquête d’un second mandat en 2008 lui vaudra une rude bataille. Son bilan à la tête de la municipalité est critiqué, à gauche comme à droite, et l’espoir d’une nouvelle unité de la droite pour les prochaines élections s’annonce compromise.
La désunion de la droite à Aix-en-Provence n’est pas un phénomène nouveau. Dans les années 1970, la droite, bien ancrée à la Mairie, avait perdu le bénéfice de sa victoire aux élections municipales pour cause de fraude électorale ; puis dans les années 1980, alors qu’elle avait reconquis le pouvoir, une déchirure interne sur fond de décision de justice (condamnation pour abus de biens sociaux de Alain Joissains, alors maire, en 1983) l’a encore fait perdre aux élections municipales de 1989. Dès lors, malgré une ville marquée politiquement, la droite est irrémédiablement touchée par des conflits d’intérêt nuisant à son image au profit d’une gauche opportuniste qui s’est toujours jouée de cette situation. Selon Jean-François Picheral (PS), dernier maire d’Aix-en-Provence, la gauche s’est constamment imposée grâce à la « médiocrité » de ses adversaires divisés.
Lors des dernières élections municipales de 2001, une union s’était dessinée à droite pour déjouer les ambitions du maire sortant, pourtant favorisé par un bilan satisfaisant. Malgré des sondages favorables (62% des Aixois estimaient que la municipalité socialiste avait effectué un bon travail lors du mandat de Jean-François Picheral), celui-ci a été rattrapé par les thèmes fédérateurs chers à la droite (insécurité, proximité, conservatisme) face à son désir d’exploiter tout le potentiel aixois, riche et moderne. Selon Jean Viard, sociologue aixois interrogé par Libération à cette occasion, la victoire de la droite était due à un discours proche de celui de l’extrême droite, basé sur « la proximité idéologique d’une droite de terrain » plutôt que sur des projets viables et crédibles. Les échéances électorales de ces dernières années ont légitimé le vote Front National dans la région et ont poussé la droite traditionnelle à se positionner sur un programme plus identitaire et proche des préoccupations sécuritaires de la population. Ce fut le cas à Aix-en-Provence, où les électeurs se sont finalement rassemblés autour de Maryse Joissains-Masini, qui a remporté le scrutin à une courte majorité. Cette thèse est confirmée par le représentant local du Front National, Gérard Beyer, qui insinue que l’actuelle maire l’a emporté uniquement grâce aux voix de ses sympathisants. Selon lui, « la ‘lepénisation’ des esprits se fait toute seule » et Aix-en-Provence n’y échappe pas.
Quelques mois auront suffit pour briser l’élan de la droite unifiée de mars 2001. François-Xavier de Peretti, pourtant 3ème adjoint à la mairie, s’est progressivement retrouvé dans l’opposition. Il affirme que l’incapacité sans laquelle il était d’imposer ses projets a provoqué son « divorce politique » d’avec l’UMP, à qui il reproche l’absence de vision pour la ville. Ses griefs sont nombreux. Il se plaint notamment des pratiques du premier magistrat de la ville visant à faire taire par tous les moyens possibles les voix qui s’élèvent contre elle. L’élu UDF rajoute qu’il faut « réinventer un projet de vie pour répondre aux problèmes de la ville » et met en avant les atouts d’Aix-en-Provence qui ne sont pas, selon lui, exploités à leur juste valeur. C’est ainsi que M. de Peretti a créé le mouvement « Union pour Aix » dans « une logique d’ouverture et d’élargissement ». Il veut rassembler tous les déçus de l’administration de la ville par Maryse Joissains-Masini, lui permettant de « ratisser le plus largement possible » autour d’un véritable projet de développement local dynamique. Les opposants à la municipalité décrient une absence d’engagement, de projets nouveaux en raison d’une situation financière délicate et un populisme exacerbé. La fracture idéologique à droite est donc toujours bien présente et la gauche pourrait bien réapparaître à nouveau au tournant pour récolter les fruits de ces divergences.
Selon Michel Pezet, candidat pour représenter le PS lors des prochaines élections municipales et soutenu par Jean-François Picheral, « la droite est divisée et le restera ». Il estime que « le bateau est secoué de toute part » et que la situation est irrattrapable. L’élu marseillais constate un « dégrisement » de la plupart des électeurs de l’actuelle maire et croit en les chances de l’opposition pour 2008. Les divergences de la gauche au niveau local ne sont pourtant pas absentes depuis les débats sur le référendum du 29 mai 2005 sur le projet de constitution européenne. Selon Laurent Perallat, trésorier des Verts à Aix-en-Provence, il y a également une division au sein de la gauche locale qui est « le reflet de la division nationale ». Ces oppositions internes troubleront-elles une gauche qui a toujours su s’unir auparavant lors des prochaines élections municipales ? Il semble que non. Tous les représentants de la gauche aixoise s’accordent pour dire que les échéances nationales de 2007 (élections présidentielles et législatives) permettront déjà d’y voir plus clair dans la ligne de conduite de leur parti respectif. Certains comme Michel Pezet sont plus confiants et déterminés que d’autres et pensent que les socialistes n’auront aucun intérêt à se diviser alors que la droite abordera probablement les élections toujours plus divisée.
Enfin, Jean-François Picheral, qui a beaucoup de respect pour François-Xavier de Peretti, verrait bien l’élu UDF se rallier finalement à l’union de la gauche en cas de second tour l’opposant à Maryse Joissains-Masini. Cette alliance inédite démontrerait une fois de plus le tourment dans lequel Aix-en-Provence, ville pourtant offerte à la droite depuis des décennies, risque de tomber dès les prochaines élections municipales. La droite a donc toujours beaucoup de travail devant elle avant d’obtenir une véritable union stable et efficace et pouvoir conserver une mairie très convoitée.
La désunion de la droite à Aix-en-Provence n’est pas un phénomène nouveau. Dans les années 1970, la droite, bien ancrée à la Mairie, avait perdu le bénéfice de sa victoire aux élections municipales pour cause de fraude électorale ; puis dans les années 1980, alors qu’elle avait reconquis le pouvoir, une déchirure interne sur fond de décision de justice (condamnation pour abus de biens sociaux de Alain Joissains, alors maire, en 1983) l’a encore fait perdre aux élections municipales de 1989. Dès lors, malgré une ville marquée politiquement, la droite est irrémédiablement touchée par des conflits d’intérêt nuisant à son image au profit d’une gauche opportuniste qui s’est toujours jouée de cette situation. Selon Jean-François Picheral (PS), dernier maire d’Aix-en-Provence, la gauche s’est constamment imposée grâce à la « médiocrité » de ses adversaires divisés.
Lors des dernières élections municipales de 2001, une union s’était dessinée à droite pour déjouer les ambitions du maire sortant, pourtant favorisé par un bilan satisfaisant. Malgré des sondages favorables (62% des Aixois estimaient que la municipalité socialiste avait effectué un bon travail lors du mandat de Jean-François Picheral), celui-ci a été rattrapé par les thèmes fédérateurs chers à la droite (insécurité, proximité, conservatisme) face à son désir d’exploiter tout le potentiel aixois, riche et moderne. Selon Jean Viard, sociologue aixois interrogé par Libération à cette occasion, la victoire de la droite était due à un discours proche de celui de l’extrême droite, basé sur « la proximité idéologique d’une droite de terrain » plutôt que sur des projets viables et crédibles. Les échéances électorales de ces dernières années ont légitimé le vote Front National dans la région et ont poussé la droite traditionnelle à se positionner sur un programme plus identitaire et proche des préoccupations sécuritaires de la population. Ce fut le cas à Aix-en-Provence, où les électeurs se sont finalement rassemblés autour de Maryse Joissains-Masini, qui a remporté le scrutin à une courte majorité. Cette thèse est confirmée par le représentant local du Front National, Gérard Beyer, qui insinue que l’actuelle maire l’a emporté uniquement grâce aux voix de ses sympathisants. Selon lui, « la ‘lepénisation’ des esprits se fait toute seule » et Aix-en-Provence n’y échappe pas.
Quelques mois auront suffit pour briser l’élan de la droite unifiée de mars 2001. François-Xavier de Peretti, pourtant 3ème adjoint à la mairie, s’est progressivement retrouvé dans l’opposition. Il affirme que l’incapacité sans laquelle il était d’imposer ses projets a provoqué son « divorce politique » d’avec l’UMP, à qui il reproche l’absence de vision pour la ville. Ses griefs sont nombreux. Il se plaint notamment des pratiques du premier magistrat de la ville visant à faire taire par tous les moyens possibles les voix qui s’élèvent contre elle. L’élu UDF rajoute qu’il faut « réinventer un projet de vie pour répondre aux problèmes de la ville » et met en avant les atouts d’Aix-en-Provence qui ne sont pas, selon lui, exploités à leur juste valeur. C’est ainsi que M. de Peretti a créé le mouvement « Union pour Aix » dans « une logique d’ouverture et d’élargissement ». Il veut rassembler tous les déçus de l’administration de la ville par Maryse Joissains-Masini, lui permettant de « ratisser le plus largement possible » autour d’un véritable projet de développement local dynamique. Les opposants à la municipalité décrient une absence d’engagement, de projets nouveaux en raison d’une situation financière délicate et un populisme exacerbé. La fracture idéologique à droite est donc toujours bien présente et la gauche pourrait bien réapparaître à nouveau au tournant pour récolter les fruits de ces divergences.
Selon Michel Pezet, candidat pour représenter le PS lors des prochaines élections municipales et soutenu par Jean-François Picheral, « la droite est divisée et le restera ». Il estime que « le bateau est secoué de toute part » et que la situation est irrattrapable. L’élu marseillais constate un « dégrisement » de la plupart des électeurs de l’actuelle maire et croit en les chances de l’opposition pour 2008. Les divergences de la gauche au niveau local ne sont pourtant pas absentes depuis les débats sur le référendum du 29 mai 2005 sur le projet de constitution européenne. Selon Laurent Perallat, trésorier des Verts à Aix-en-Provence, il y a également une division au sein de la gauche locale qui est « le reflet de la division nationale ». Ces oppositions internes troubleront-elles une gauche qui a toujours su s’unir auparavant lors des prochaines élections municipales ? Il semble que non. Tous les représentants de la gauche aixoise s’accordent pour dire que les échéances nationales de 2007 (élections présidentielles et législatives) permettront déjà d’y voir plus clair dans la ligne de conduite de leur parti respectif. Certains comme Michel Pezet sont plus confiants et déterminés que d’autres et pensent que les socialistes n’auront aucun intérêt à se diviser alors que la droite abordera probablement les élections toujours plus divisée.
Enfin, Jean-François Picheral, qui a beaucoup de respect pour François-Xavier de Peretti, verrait bien l’élu UDF se rallier finalement à l’union de la gauche en cas de second tour l’opposant à Maryse Joissains-Masini. Cette alliance inédite démontrerait une fois de plus le tourment dans lequel Aix-en-Provence, ville pourtant offerte à la droite depuis des décennies, risque de tomber dès les prochaines élections municipales. La droite a donc toujours beaucoup de travail devant elle avant d’obtenir une véritable union stable et efficace et pouvoir conserver une mairie très convoitée.
Corentin Chauvel & Alexander Paull, 14 décembre 2005